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Une fois sur le tatami, chaque repas sauté donne envie

de bouffer tout le monde. Pour espérer claquer l’adversaire au tapis, le judoka s’est entraîné pendant des mois.

Pour en avoir le droit, il a dû perdre du poids pendant

des semaines. Le véritable premier combat se joue juste  avant la compétition, lors de la pesée officielle.

Etre au bon poids, ne pas avoir 100 grammes de trop,

c’est la première victoire.

Le régime, dans les sports dits « de poids », est une habitude pour les combattants des catégories les plus légères. L’astuce, en s’entraînant au-dessus de son poids

de compétition, c’est de se retrouver parmi

les plus costauds le jour J.

« J’ai fait 150 régimes dans ma carrière, abonde Benjamin Darbelet, vice-champion olympique de judo en 2008. 

Je pouvais perdre 12 kilos du samedi au samedi. »

Celui qu’il a réalisé pour participer aux Jeux Olympiques

de 2004 est un cas extrême. Barré dans sa catégorie habituelle des moins de 66 kilos, la Fédération Française

de Judo lui propose la place de titulaire en moins

de 60 kilos.

Benjamin Darbelet relève un défi admiré par certains, critiqué par d’autres. Sa détermination en impose.  

En 3 mois, il perd 12 kilos et change de « caté ». Arrivé

à Athènes, il a beau dire qu’il « ne s’est jamais senti

aussi fort », il se fera sortir au deuxième tour.  

Son mètre 70 n’a pas résisté. 

Montrer à l’adversaire qu’on a fondu pour l’affronter,

c’est lui prouver à quel point on est déterminé à

le battre. Le régime express est donc une pratique

valorisé chez les judokas, lutteurs ou autres boxeurs.

C’est un investissement dans leur discipline.

 

Généralement, le calvaire débute trois semaines avant

la compétition. Le sportif allège son assiette : 

glucides, lipides et protéines sont réduits de moitié. 

Dans la dernière ligne droite, les efforts et les exercices

de cardio redoublent. L’athlète augmente sa dépense

énergétique pour brûler un maximum de calories. 48 heures

avant la pesée officielle, le sportif joue sur la dernière 

variable d’ajustement qui lui reste : son niveau d’hydratation et la quantité d’eau qu’il a dans le corps.

S’il le faut, il peut enchaîner les saunas et les joggings en

K-Way.

Pour tromper la soif, la meilleure solution reste alors de sucer des glaçons.

A ce stade, un tel comportement n’est jamais interprété comme pathologique. Le corps devient un instrument

pour la victoire.  

Le trouble du comportement alimentaire (TCA) se dessine quand, pour rendre son régime encore plus performant,

le sportif y ajoute des diurétiques ou des pilules pour maigrir. Si la technique fonctionne une fois ou deux fois,

le pli est pris. La pathologie s’installe.

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Victoire ou défaite, aussitôt la compétition achevée,

le risque est alors de compenser. Absorber énormément

de nourriture en un temps record. Tout reprendre et plus encore. La boulimie et ses crises s’invitent. C’est le début de la maladie.  

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Quand on demande à Benjamin Darbelet si c’est la seule fois où il a eu affaire à un TCA,

il a l’air de débarquer : « les coups de fringale ? »,

façon « mais de quoi vous me parlez ? »





Certes, comme les autres sportifs de haut niveau, il était prévenu et habitué à jouer avec son corps. Mais le régime a marqué sa carrière. « Après cet épisode, j’allais au judo à reculons. C’était tellement dur de s’entrainer, concède Benjamin. Je faisais le strict minimum, l’entrainement fini, je rentrais chez moi. »

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Quatre ans plus tard, aux Jeux Olympiques de Pékin

en 2008, le valeureux décroche tout de même l’argent.

Vice-champion olympique, il monte même de catégorie

l’année suivante. En moins de 73 kg, fini la diète.

S’ouvre à lui un quotidien où il peut manger à sa faim

 

 

 

 

 

 

 

Benjamin Darbelet achèvera sa carrière, avec la même rage au ventre sur le tatami, mais moins de violence 

dans l’assiette. 

 

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